LES TENSIONS IDÉOLOGIQUES ET LES CONFLITS

IV. La détente et ses limites

Définition1. Définition de la détente

Le règlement pacifique de la crise de Cuba renforce le dialogue entre l'Est et l'Ouest. Une nouvelle ère s'ouvre entre les deux blocs et elle est une poursuite du dégel amorcé depuis 1953 . C'est la détente : Américains et Soviétiques développent leur coopération. L'accent est mis sur le dialogue, la négociation, les échanges socio-économiques et culturels. La détente se traduit aussi par le renoncement à toute intervention directe dans la zone d'influence reconnue à l'autre.

2. Les causes de la détente

Avec la crise de Cuba en 1962, Américains et Soviétiques prennent conscience de la nécessité du dialogue direct en cas de crise. Ainsi les deux grands décident de cogérer les affaires internationales.

Cette période a été marquée par l'arrivée de nouveaux dirigeants. Dans le camp communiste Leonid Brejnev succède à Khrouchtchev en 1964 et dans le camp occidental Johnson puis Richard Nixon succèdent à Kennedy. De part et d'autre on constate un relâchement.

De même, du fait de l'augmentation du nombre de missiles intercontinentaux et de missiles embarqués à bord des sous-marins, aucun des deux grands ne peut prendre le risque d'une attaque nucléaire surprise.

Enfin, d'autres facteurs ont contribué à l'avènement de la détente.

En effet, à l'intérieur de chaque bloc des forces centrifuges sont à l'œuvre. Au niveau du bloc occidental la France de De Gaulle devient un allié difficile pour les Américains. En1962 De Gaulle affirme son attachement à la politique des États qui doit prévaloir sur celle des ensembles supranationaux préconisée par les Américains. Il noue des relations avec la Chine en janvier 1964, retire les troupes françaises du commandement intégré de l'OTAN en 1966 et condamne l'intervention américaine au Vietnam. La France refuse désormais de s'engager aveuglement derrière la diplomatie américaine.

Au niveau du bloc oriental, la rupture sino-soviétique est consommée en 1969 lors des affrontements en Mandchourie. En outre, la Yougoslavie de Tito continue de garder son autonomie. La Roumanie en 1961 refuse d'être un pays à vocation agricole dans le cadre du COMECON. Ceausescu reçoit Nixon au grand dam des soviétiques. En Tchécoslovaquie, Dubcek s'oppose au centralisme démocratique prôné par Moscou ; ce qui entraîne le « printemps de Prague » et son renversement en Avril 1969 par Husak plus docile pour l'URSS.

En plus des difficultés à l'intérieur des blocs, le mouvement des non-alignés est né à Belgrade en 1961. Ce mouvement condamne la politique des blocs, refuse la tutelle des américains et des soviétiques et s'inscrit dans une troisième voie. En somme chacun des deux grands doit mener une politique souple dans un monde de plus en plus multipolaire.

3. Les manifestations de la détente

Dès 1963 le « téléphone rouge » est installé entre la Maison Blanche et le Kremlin. Il permet une relation directe entre les deux supers puissances.

Les deux grands s'entendent pour limiter la fabrication de l'armement. Plusieurs traités codifient désormais la course aux armements. Ainsi en août 1963 la signature d'un traité entre l'URSS et les EU interdit les expériences nucléaires dans l'atmosphère.

En juin 1968 est signé à Genève un traité de non-prolifération des armes nucléaires entre les deux grands. En mai 1972 Moscou et Washington signent à Moscou les accords SALT 1 (stratégie Arms Limitation Talk) qui visent la limitation des armes de destruction massive.

La détente est également marquée par l'intensification des échanges économiques entre les deux blocs. Ainsi, l'URSS livre à l'occident son gaz et son pétrole et reçoit en retour des capitaux et des livraisons de céréales. Au niveau technologique, la coopération spatiale progresse entre l'URSS et les EU.

Grâce à la détente internationale, le chancelier de la RFA, Willy Brandt entame une politique d'ouverture vers l'Est : l'ostpolitik. Les deux Allemagnes (RFA et RDA) harmonisent leur relation et la coopération entre elles à travers une série de traités : le traité de Moscou (10 août 1970) reconnaît les frontières issues de la guerre surtout celles séparant l'Allemagne et la Pologne ; en 1972 les deux Allemagnes se reconnaissent mutuellement et entrent à l'ONU en 1973.

La détente atteint son apogée avec la signature des accords d'Helsinki (Finlande) le 1er août 1975. C'est l'aboutissement d'un long processus entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie. Au total 33 pays européens, les EU et le Canada approuvent l'acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.

4. Une limite de la détente : la question afghane

En avril 1978, le président afghan Mohammed Daoud est renversé et tué par un groupe de militaires favorables à l'URSS. Mohammed Taraki lui succède et adopte des reformes communistes qui entraînent une vive opposition de la part des islamistes (les moudjahidines). La rébellion gagne du terrain. Cette instabilité politique entraîne l'intervention militaire de l'URSS en décembre 1979. Un homme de confiance des Soviétiques, Babrak Karmal prend la tête du pays.

Cette invasion soviétique amène de nombreux pays à adopter des sanctions économiques et à boycotter les jeux olympiques de Moscou d'été 1980. Le sénat américain refuse de ratifier SALT II.

Les troupes soviétiques quitteront l'Afghanistan en février 1989, laissant derrière elles des milliers de morts et une rébellion qu'elles n'ont jamais réussi à écraser.

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