LES PROBLÈMES DE L'AFRIQUE INDÉPENDANTE

IV. Les tentatives de solutions aux problèmes de l'Afrique indépendante : les efforts de regroupement

1. L'Union Africaine

L'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) a été créée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba (Ethiopie) qui en abrite le siège. Elle a été rebaptisée U.A. en Septembre 1999 à Syrte (Libye).

Elle poursuit plusieurs objectifs[1]. L'U.A. s'est dotée de nombreux organes[2] et fonctionne grâce aux cotisations des États-membres. Malheureusement beaucoup d’États n'honorent pas leurs engagements.

Après environ six décennies d’existence, le bilan de l'UA reste mitigé :

  • L'U.A. a réussi :

- l'accession à l'indépendance de toutes les colonies d'Afrique ;

- la fin de l'apartheid en Afrique du Sud ;

- la construction des bases de la croissance économique ;

- la création de la Cour africaine des droits des peuples et des hommes ;

- la mise en place du Conseil de sécurité et de la paix ;

- l'adoption en 2001 du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (N.E.P.A.D.), un projet de développement pour l'Afrique, conçu par les africains ;

- la BAD[3] est une institution africaine pour le financement du développement.

  • L'U.A. a été incapable de :

- faire adopter par les États membres, à l'échelle nationale, toutes les décisions prises à l'échelle du continent ;

- assurer par ses propres ressources financières son fonctionnement et la réalisation de projets sectoriels (le siège actuel a été « offert » par la République Populaire de Chine) ;

- créer une monnaie africaine et soutenir les pays en difficultés financières ;

- faire progresser l'unité des africains par la levée de l'intangibilité des frontières au moins par l'harmonisation des visas et un passeport commun entre pays africains d'une part et d'autre part entre les différentes régions ;

- mettre en place ses propres instruments juridiques et économiques de souveraineté et d'indépendance (recours à la Cour Pénale Internationale pour traiter des différends électoraux comme pour le cas de Laurent Gbagbo ou dépendre principalement des institutions de BrettonWoods pour accéder à des fonds internationaux) ;

- développer la productivité dans les domaines comme les mines, l'agriculture, l'industrie, les services qui serviraient d'effet de levier pour la création de richesses partagées ;

- faire valoir les droits des peuples africains face à la communauté internationale : cas du conflit libyen en 2011   

- réduire les guerres civiles qui se sont multipliées sur le continent, faute de moyens financiers et d'une solidarité suffisante entre les États ;

- vaincre le terrorisme ;

- faire respecter les constitutions pour une vraie démocratie pluraliste.

  • Les perspectives :

- inscrire le défi du développement tel qu'il est défini par les Africains comme une priorité de l'agenda politique et économique mondial ;

- empêcher l'occident de cantonner l'Afrique dans la dépendance, par la force (cas de la Libye en 2011) ou le “soft power“ ;

- mobiliser et fédérer les forces afin de défendre le droit à l'autodétermination des africains. La réalisation de cet objectif peut limiter les conflits qui continuent de diviser l'Afrique.

2. La CEDEAO

Créée par le traité de Lagos le 28 mai 1975, la C.E.D.E.A.O[4]. a son siège à Abuja au Nigeria. Elle regroupe 15 pays d'Afrique de l'Ouest.[5]

Document 4 : La carte de la CEDEAO

Pour atteindre ses objectifs,[6] la CEDEAO s'est dotée de quatre organes.[7]

  • Les résultats :

- l'établissement de passeport en vigueur qui facilite la circulation des personnes entre les États membres ;

- la médiation pour la résolution de crises (Mali, Guinée-Bissau, etc.) ;

- la construction de milliers de kilomètres de routes bitumées à travers les États membres ;

- la création en avril 1990 de l'ECOMOG[8], force militaire d'interposition, dirigée par le Nigéria. Cette force militaire a contribué à l'apaisement de la guerre civile au Liberia, en Sierra-Leone, en Gambie (2017) ;

- l'abolition par tous les États membres des visas et permis d'entrée pour les citoyens de la communauté. Six pays membres utilisent déjà le passeport communautaire et sept le certificat de voyage.

  • Les limites

- l'existence de nombreux postes de contrôle, les tracasseries administratives et l'extorsion de fonds continuent à entraver la libre circulation dans l'espace communautaire ;

- la farouche défense des souverainetés nationales ;

- le citoyen de la communauté se sent moins impliqué, reléguant la notion d'intégration au rang des incantations politiques ;

- l'instabilité politique des États ;

- le terrorisme au Mali, au Burkina, au Nigeria, au Cameroun etc.

  • Les perspectives :

- l'adoption d'un tarif extérieur commun (T.E.C.) ;

- la formation d'une entité politique ayant une monnaie commune.

  1. Les objectifs de l'UA
    • Réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays et entre les peuples d'Afrique ;

    • Défendre la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats membres ;

    • Accélérer l'intégration politique et socio-économique du continent ;

    • Promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d'intérêt pour le continent et ses peuples ;

    • Promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ;

    • Promouvoir et protéger les droits de l'homme et des peuples conformément à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples ;

    • Créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l'économie mondiale et des négociations internationales ;

    • Promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l'intégration des économies africaines ;

    • Coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union.

  2. Organes de l'UA

    - La conférence des chefs d'Etats et de gouvernement est l'organe suprême de l'U.A. Elle se tient une fois par an ;

    - Le conseil exécutif est composé des ministres ou autorités désignés par les gouvernements des Etats membres ;

    - La commission de l'U.A. ;

    - Le comité des représentants permanents chargé de préparer les travaux du conseil exécutif ;

    - Le conseil de paix et de sécurité ;

    - Le parlement panafricain ;

    - L'E.C.O.S.O.C. (Conseil Economique Social et Culturel) ;

    - La cour de justice ;

    - Les comités techniques spécialisés (économie rurale et agricole ; immigration ; éducation, culture et ressources humaines ; etc.) ;

    - Les institutions financières : la Banque Africaine de Développement (B.A.D.) déjà fonctionnelle et d'autres non-fonctionnelles (la Banque Centrale africaine, le Fond monétaire africain et la Banque africaine d'investissement).

  3. BAD

    Banque Africaine de Développement

  4. CEDEAO

    Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest

  5. Les pays membres de la CEDEAO

    Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire, la Gambie, la Guinée-Bissau, Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Ghana, le Nigeria, la Sierra-Leone, le Togo, le Liberia et le Cap-Vert. (La Mauritanie a quitté l'institution en 2000).

  6. Les objectifs de la CEDEAO

    - Promouvoir l'intégration économique des Etats membres ;

    - Renforcer la coopération et le développement des pays membres ;

    - Elever le niveau de vie de la population ;

    - Harmoniser les politiques de développement dans les domaines agricoles, industriels, et dans le secteur des transports et des télécommunications ;

    - Créer une monnaie commune aux Etats membres.

  7. Les Organes de la CEDEAO

    - La commission ;

    - Le parlement de la communauté ;

    - La cour de justice de la communauté ;

    - La Banque d'investissement de la C.E.D.E.A.O. (B.I.D.C.).

  8. ECOMOG

    C'est une brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO, encore appelée "Casques blancs" en référence aux Casques bleus de l'ONU.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)